Maison de Aidan Connor

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Située en plein Golden Avenue, cette résidence individuelle dispose de tout ce qu'il faut en matière de confort et de technologie. La maison est équipée des systèmes de surveillance dernier cri, d'une chambre forte ainsi que de la nouvelle IA domestique qui peut commander tous les systèmes électroniques de la maison sur ordre du propriétaire. Elle dispose d'un terrain confortable encadrant le bâtiment ainsi qu'une piscine intérieure couverte et chauffée. Quelques arbres cachent la vue vers l'intérieur et une palissade avec un portail délimite la propriété.

Une profonde inspiration brisa le silence ambiant dans la maison. Aidan ouvrit subitement les yeux, reprenant péniblement son calme. Encore ce cauchemar. Celui où des milliers de câble étaient branchés à lui, il flottait dans un liquide visqueux et était incapable de commander à son cerveau de faire le moindre mouvement hormis ceux qui le maintenaient en vie, comme respirer, cligner des paupières, faire battre son coeur... Il était quasiment découvert, les couvertures avaient dû le gêner encore une fois cette nuit, alors qu'il se débattait dans ce caisson étrange.

Aidan s'assit au bord du lit et prit sa tête entre ses mains, quand ce foutu cauchemar allait-il s'arrêter ? Cela faisait maintenant des mois qu'il ressassait en boucle ces images terrifiantes. Une douche chaude lui ferait du bien, il fallait après tout qu'il commence sa journée. L'homme fit couler l'eau quelques instants avant de s'y engouffrer, savourant la traînée relaxante des gouttelettes le long de son corps. Au fond, il ne s'était jamais senti comme tout le monde, mais peut-être pas au point de se penser fou à rêver de ce genre de choses constamment. La douche le détendit quelque peu, effaçant les noeuds de nerfs douloureux dans son dos. Il attrapa une serviette qu'il noua autour de sa taille et se dirigea ensuite la cuisine pour se servir un café.

"Jay, peux-tu mettre les informations s'il-te-plait.
- Bonjour Aidan." retentit une voix artificielle dans la cuisine. "Les nouvelles ne sont pas bonnes."

L'écran de télévision s'alluma dans la cuisine, laissant apparaître quelques voitures de police et une banderole jaune autour d'un pavillon. Il reconnaissait la maison, elle était située quelques pâtées plus bas dans la rue. Aidan fronça les sourcils, ordonnant à l'IA d'augmenter le volume. Il but une gorgée de son café, toujours dubitatif. Golden Avenue était pourtant le quartier le plus calme qui soit, hors cette journaliste parlait d'un meurtre. La Police était en train d'inspecter les lieux et d'interroger les différents témoins potentiels.

La sonnerie de la porte d'entrée retentit soudain. Aidan déposa sa tasse de café sur le comptoir et s'empressa d'aller ouvrir.

Pour une première matinée, ce n'était pas vraiment ce que Cali avait prévu. Elle avait imaginé patrouiller en voiture dans les rues calmes de Golden Avenue, manger un morceau avec son partenaire et rentrer chez elle le soir, sans même une histoire croustillante à faire partager à ses amis. Il avait fallu que les habitants de Golden Avenue l'attendent pour commettre un meurtre semblait-il. Le dernier du quartier devait remonter à plus de dix ans, voire même ne s'était jamais produit depuis la création d'Espirita City.

Trois patrouilles avaient été déployées sur les lieux du crime, la maison des Eastwood. C'était la première fois qu'elle voyait un corps, enfin un mort. Une morte en l'occurence puisqu'il s'agissait de Mme Eastwood. Ce n'était pas tant le fait de voir un corps inerte sans vie, c'était plutôt tout ce sang qui s'était échappé de son crâne brisé et ses paupières grandes ouvertes où il n'y avait plus d'âme. Voir ce spectacle lui avait glacé le sang, et elle avait dû prendre quelques minutes pour se reprendre. Son partenaire, Collins, qui n'en était pas à son premier, lui avait conseillé de sortir prendre l'air avant de la rejoindre.

"On est là pour prendre le maximum d'informations de la part des voisins. Le moindre indice peut être décisif. Dans ce quartier, tout le monde sait tout sur tout le monde. Quelqu'un a forcément vu quelque chose..."

Cali se pencha doucement en avant, les bras croisés en attitude de défense, encore un peu secouée.

"C'est pas le mari qu'on suspecte en premier d'habitude dans ce genre d'affaires ?"

Collins lui fit les yeux ronds et la tira en arrière de quelques mètres après avoir regardé par dessus son épaule pour s'assurer que personne ne l'avait entendue. Il prit une profonde inspiration avant de lui répondre, ayant du mal à contenir son agacement devant la newbie de l'équipe. Néanmoins, il faisait de son mieux pour être patient et Cali avait pu le constater à plusieurs reprises depuis qu'ils étaient partis du poste. Elle avait beau avoir appris beaucoup de théories à l'école de Police, ce n'était pas le terrain. Et bizarrement, tous les films policiers qu'elle avait vu ne l'aidaient pas vraiment non plus.

"Si, c'est un suspect, mais pour l'instant lui et les enfants sont plutôt pas mal secoués. Ils viennent de découvrir le corps. Et puis il semblerait qu'il ait un alibi, Dickson est en train de le vérifier.
- Elle était seule à la maison ?
- Apparemment. Les enfants étaient chez leur grand-mère à quelques pâtées de maison, et le mari en voyage d'affaires. Il les a récupéré ce matin avant de rentrer et de découvrir le corps de sa femme."

Cali hocha la tête, pensive. Que faisait Mme Eastwood seule chez elle, sans ses enfants ? Pourquoi avoir envoyés les enfants chez leur grand-mère ?

"Bon, tu vas aller sonner de ce côté de la rue, je m'occupe de l'autre côté. Note tout ce que tu peux, même si ça paraît anodin, ça pourrait nous servir plus tard. D'accord ?"

Cali redressa le buste et lui signifia qu'elle était prête pour la tâche qu'il lui confiait. Elle sortit son calepin et tira sur le bas de sa veste avant de se mettre en route. Collins la regarda s'éloigner avant de partir de son côté de la rue.

Les trois premières résidences ne donnèrent rien d'intéressant. Pourtant elles étaient les plus proches de la scène du crime. Personne n'avait vu ou entendu ce qui s'était passé cette nuit. La porte principale des Eastwood ne comportait pas de signes d'effraction, donc il s'agissait probablement de quelqu'un que la victime connaissait. Pour cette déduction, elle pouvait remercier ses séries télévisées... Peut-être un voisin jaloux, un amant un peu trop passionnel... Il y avait tant de pistes à explorer. Cali se dirigea vers la prochaine résidence, où un immense portail lui barrait la route. Il n'était pas verrouillé, bizarre. Elle s'approcha de la porte d'entrée et appuya sur le bouton de la sonnette. La jeune femme se retourna pour observer les environs, quelques arbres, une pelouse parfaitement entretenue... Rien à signaler de particulier. Sauf ce portail ouvert. A quoi bon avoir un système de sécurité s'il n'est pas activé ?

Elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle et se retourna vers son interlocuteur. Un mouvement de surprise la prit et elle fit tomber son stylo. La vue la mettait très mal à l'aise à vrai dire... Un homme d'une trentaine d'années, semblant être taillé pour être un dieu grec et disposant pour seul vêtement d'une serviette autour de sa taille. Elle s'éclaircit la gorge et ramassa promptement son stylo avant de refaire face au propriétaire de la résidence, qui avait apparemment esquivé un sourire qu'il tentait tant bien que mal de cacher.

"Bonjour Monsieur, Officier Smith. N-Nous interrogeons les habitants du quartier pour savoir si vous auriez vu ou, ou entendu quelque chose la nuit dernière ?"

Le contact visuel était très difficile à garder, c'est pourquoi elle préféra focaliser son attention sur son calepin, prête à noter la moindre réponse de l'homme.

"C'est à propos des Eastwood ?" demanda-t-il d'un ton calme, si calme par rapport à elle.
"O-Oui, tout à fait. Alors ?" le pressa-t-elle sans le vouloir.

Elle devait bien admettre, ce n'était pas très pro mais comment rester de marbre.

"Je me suis couché vers 23 heures, et me suis réveillé il y a une demi heure environ... Je ne pense pas pouvoir vous être d'une grande utilité...
- Oh ! Et euhm... Vous vivez seul ?"

Cali ferma ses paupières d'un coup, comme si elle venait de se taper mentalement sur la tête. Vraiment pas pro, Cali, vraiment pas pro... L'homme ne sembla pas s'offusquer cela dit et revoilà ce sourire. Ses lèvres s'étiraient d'une façon si sensuelle, il était carrément impossible de fixer autre chose.

"En effet, je vis seul." L'homme marqua une pause, observant Cali devant lui comme s'il attendait autre chose mais qui ne semblait pas vouloir venir. "Autre chose, Officier Smith ?" reprit-il sur un ton qu'elle qualifierait de taquin.

Ah ! C'est sur elle qu'il attendait, une autre question peut-être. Non, elle n'avait vraiment rien qui lui venait là tout de suite. En même temps, la vue l'empêchait carrément de se concentrer sur le vrai problème, à savoir le meurtre de Mme Eastwood.

"Ehm oui..." dit-elle en se redressant, elle et son calepin. "Vous connaissiez bien les Eastwood ? Pensez-vous à une personne qui aurait voulu leur faire du mal ?"

Elle avait une attitude étrange, mais ses questions avaient du sens. À vrai dire, elle l'amusait beaucoup, elle avait un visage très expressif. Il pouvait lire de la gêne, de la détermination, de l'intéressement... Peut-être bien que tous les policiers étaient comme elles, il n'en avait jamais vraiment rencontré jusque là. Enfin, il n'avait jamais eu de conversation comme celle-ci en tout cas.

"Je ne les connaissais pas vraiment. Et... Je ne vois personne qui leur voudrait du mal, pas comme ça en tout cas."

Le menton de l'Officier Smith se releva subitement, une étincelle brillait dans ses yeux comme si elle venait de mettre le doigt sur quelque chose. Elle avait apparemment oublié temporairement qu'elle était mal à l'aise, car son débit de parole ralentit un peu.

"Comment ça ? C'est-à-dire ?
- Et bien, Mme Eastwood était une physicienne réputée, c'est un milieu plutôt concurrentiel.
- Oh... Vous pensez que quelqu'un de son travail aurait pu lui faire ça ?
- Non, non, je ne dis rien, je ne fais que répondre à vos questions. Je vous l'ai dis, je ne la connaissais pas vraiment."

L'officier Smith griffonna quelques mots sur son calepin, et bien qu'il tenta de loucher dessus, il n'en lut pas un seul.

"Vous devriez..." Il marqua une infime pause alors que la jeune femme releva le menton pour le regarder dans les yeux. Aidan ne l'avait pas remarqué avant, mais elle avait de magnifiques prunelles vertes qui faisaient écho à sa personnalité visiblement haute en couleurs. "... parler à Mme Reign. Elle vit de l'autre côté de la rue, son passe-temps favori est de regarder ce qu'il se passe dehors."

Smith se retourna pour toiser la demeure de l'autre côté de la rue. De grands rideaux cachaient les fenêtres et il était impossible de distinguer quoique ce soit.

"D'accord, je vais aller lui parler.
- Oh euh ! Je devrais vous accompagner, elle n'ouvre pas aux étrangers.
- Je suis la Police..." répondit-elle dubitative.
"Raison de plus, l'uniforme pourrait l'effrayer si elle n'a pas encore allumé ses écrans. Laissez-moi vous ouvrir la voie.
- Très bien..."

Aidan alla pour refermer la porte, mais un pied arrêta brusquement sa course. Il la ré-ouvrit en grand pour refaire face à l'agent, l'interrogeant du regard.

"Vous ne venez pas ?" demanda-t-elle sans comprendre ce qui lui prenait.
"Vous permettez que je m'habille avant de sortir ?"

Les joues de la jeune femme virèrent au rouge vif et la danse d'esquive de son regard reprit de plus belle.

"Oh bien sûr, excusez-moi, je suis bête..." se confondit-elle en excuse.
"Si vous préférez, vous pouvez attendre à l'intérieur..."

Il se recula d'un pas pour la laisser entrer, et après un long moment d'hésitation, elle fit le pas. Il referma la porte derrière elle et la laissa s'imprégner des lieux.

"Je monte à l'étage, je ne serais pas long. Il y a du café dans la cuisine, si vous le souhaitez."

Elle ne fit qu'hocher la tête, encore plus mal à l'aise que lorsqu'il avait ouvert la porte. Bon sang, qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir pour se comporter ainsi ? Elle était si déterminée et franche un instant, avant de disparaître derrière cette attitude d'auto-défense digne d'une ado de quinze ans. Il grimpa les marches menant à sa chambre et enfila un jeans et un pull noir. Ses cheveux étaient encore un peu trempés, mais ils seraient secs d'ici quelques dizaines de minutes. Ce n'est pas Mme Reign qui allait s'offusquer, elle lui avait dit plusieurs fois qu'il était "à croquer". Des fois, il ne comprenait vraiment rien aux femmes...

Aidan redescendit les marches et se dirigea vers la cuisine puisqu'il ne voyait l'officière nulle part dans le patio. Il la vit adosser à l'un des comptoirs, entourant une tasse de café de ses deux mains, les yeux rivés vers la journaliste parlant de l'atroce crime qui s'était déroulé cette nuit à quelques mètres d'ici.

"Je vois que vous avez trouvé le café."
Elle tourna la tête vers lui, et lui sourit timidement.
"C'est mon job !" s'exclama-t-elle enthousiaste. "Enfin de trouver des choses, je veux dire."
"Bien sûr..." répondit-il en essayant de ne pas s'esclaffer de rire, elle était attendrissante en fait, sous ses airs un peu gourde.

"On y va ?
- Où ça ?
- Chez Mme Reign, lui poser des questions sur cette nuit ?"

L'officier Smith mit un instant à se remettre en circonstances, et son visage passa d'une expression confuse à celle de l'illumination en quelques secondes.

"Oui, oui, bien sûr, allons-y."

Elle posa brusquement la tasse de café sur le comptoir et il la vit tirer sur le bas de sa veste avant de redresser le buste et de se diriger vers la sortie. Il la laissa passer et ferma les paupières en secouant la tête, plus amusé que jamais par cette visite matinale, puis lui emboîta le pas. Elle s'arrêta brusquement devant la porte au lieu de l'ouvrir et se retourna si promptement qu'il eut du mal à éviter la collision. Il l'avait à peine effleuré mais cette fois-ci, c'est lui qui allait finir par être mal à l'aise...

"Je, ehm... Je ne vous ai pas demandé votre nom ?
- Aidan. Aidan Connor.
- Enchantée, Monsieur Connor. Que faites-vous exactement, dans la vie ?
- C'est un interrogatoire, Officier Smith ?
- Non, non, bien sûr que non... Je" se confondit-elle en excuses.
"Je plaisante... Je suis ingénieur. Je travaille à Ruby Island, StarCorp.
- Les fabricants de robots et pionniers des intelligences artificielles... C'est comme ça que vous vous êtes payés cette sublime maison..."

Il ne répondit rien, l'observant simplement avec un petit sourire comme pour lui signifier qu'elle allait un peu trop loin dans ses questions. Après tout, il n'était pas un suspect qu'il sache, il n'allait pas déballer toute sa privée à une fille qu'il venait de rencontrer sur le pas de sa porte il y a quelques minutes à peine. Elle ouvrit la bouche en un grand "O", se rendant compte de ce qu'elle venait de dire et s'excusa encore une fois d'un regard avant d'ouvrir la porte et de la franchir. Il lui emboîta le pas et ils traversèrent ensemble la rue en direction de la maison de Mme Reign.

Cali traversa la rue, repérant immédiatement son collègue Collins des yeux alors qu'il était à la maison d'à côté. Apparemment, il n'avait pas eu de chance en sonnant chez Mme Reign, rien ne semblait avoir bougé et il était passé à autre chose. Connor sur les talons, elle le laissa la devancer une fois arrivés sur le perron. Il toqua trois fois et héla la propriétaire, une main sur la clenche, comme s'il était vraiment habitué à rendre visite à cette vieille dame. Quelques dizaines de secondes passèrent sans que rien ne se passe, et Cali haussa les épaules en l'interrogeant du regard. Si Collins n'avait rien eu, elle n'était peut-être simplement pas chez elle.

"Elle est peut-être de sortie...
- Pas Mme Reign, donnez-lui quelques instants."

Cali se retourna vers la rue, bras croisés, prête à laisser une chance à ce mystérieux inconnu qui rendrait peut-être sa matinée plus facile et prolifique. Le bruit d'une porte qu'on entrouvre la fit pivoter à nouveau et alors qu'elle allait parler pour se présenter, Connor la devança en lui lançant un regard appuyé.

"Mme Reign, bonjour c'est Aidan. L'officier Smith qui est là aimerait savoir si vous aviez vu ou entendu quelque chose de suspect cette nuit...
- Euh oui, bonjour Madame. Vous êtes sûrement au courant de ce qui s'est passé..." renchérit Cali afin de ne pas passer pour une incompétente, affichant une attitude sûre d'elle qu'elle ne ressentait pas vraiment.
"Oh Aidan, c'est si gentil de me rendre visite. J'ai fais des cookies, tu en veux ? Attends, attends !"

La vieille dame l'avait complètement ignoré, de A à Z ! Cali releva des yeux surpris vers Aidan qui lui fit signe de la main de ralentir un peu, la situation allait se décanter selon lui. La vieille dame avait laissé la porte ouverte comme une invitation et allait en direction de la cuisine, certainement pour aller chercher ces fameux cookies. Connor lui fit signe de le suivre à l'intérieur, il paraissait complètement à l'aise chez cette vieille femme.

"Vous venez souvent ici ?" chuchota-t-elle en se penchant vers lui.
"Elle est à moitié sourde, inutile de chuchoter." rétorqua-t-il lui aussi dans un murmure prononcé pour la taquiner. "Et oui, de temps en temps quand elle a besoin de moi, je répare des choses, lui apporte des courses..."

Un bon samaritain qui s'occupe d'une vieille femme seule en plus d'être un dieu grec vivant... Cali ne put masquer son appréciation, et elle le regretta instantanément puisqu'il semblait que rien n'échappait à cet homme à la vue du sourire qu'il tentait de réprimer. Elle s'aventura à faire quelques pas dans la maison, tout était en accord avec la propriétaire, assez ancien. Rien qui vaille la peine de fouiller davantage en tout cas. Mme Reign revînt de la cuisine avec une assiette de cookies, très enthousiaste de la visite de Connor. Elle leur tendit l'assiette.

"Non, merci, j'ai déjà déjeuner." refusa Cali le plus poliment possible.

Aidan lui fit les gros yeux en s'emparant de l'un des gâteaux, la pressant pour qu'elle se serve elle aussi. Confuse, elle hésita la main tendue devant l'assiette avant de se servir. Elle l'interrogea du regard, mais il avait déjà revêtu son visage de bon samaritain.

"Mme Reign... Vous vous souvenez de l'officier Smith, elle avait quelques questions à vous poser.
- Oh oui, oui bien sûr. Que voulez-vous savoir mon enfant ?"
Cali hésita un instant.
"Euh et bien..."
Elle attendit la confirmation visuelle de son guide ce matin là pour continuer.
"Oui, nous enquêtons sur ce qui s'est passé cette nuit, chez les Eastwood... Auriez-vous à tout hasard, vu ou entendu quelque chose ?
- Hmmm..." La vieille dame sembla partir très loin dans son esprit pour se remémorer cette nuit. "Peu après minuit, la lumière du porche était encore allumée, j'ai trouvé ça très étrange. Mme Eastwood l'éteint toujours avant d'aller se coucher et il n'est jamais si tard."

Cela semblait complètement anodin, mais cela confirmait aussi que quelque chose d'inhabituel avait coupé le rituel de Mme Eastwood. Peut-être que l'autopsie confirmerait l'heure du crime, et d'après Mme Reign, il était en milieu de soirée.

"Oh ! Elle la laisse parfois allumer lorsque son mari rentre tard, comme un phare pour qu'il retrouve la maison.... C'est tellement romantique, vous ne trouvez pas ?" ajouta la vieille dame.

Cali hocha la tête plusieurs fois, donc Mme Eastwood attendait quelqu'un... Mais vraisemblablement pas son mari, puisque celui-ci était en voyage d'affaires à l'autre bout du pays et ses enfants chez leur grand-mère. Avec qui Mme Eastwood avait-elle rendez-vous ? Celui-ci lui avait-il été fatal ?

"Je vous remercie pour ces informations Mme Reign. Oh et !" Elle croqua un morceau du cookie et exagéra son appréciation. "Ce cookie est délicieux !"
"Merci ma chère, ils sont tout frais de ce matin !"
"Nous devons y aller Mme Reign, appelez-moi si vous avez besoin de quoique ce soit." coupa court Connor.

Il ouvrit la porte de la résidence et se mit sur le côté pour laisser passer Cali. Galant en plus de ça... Décidément cet homme avait vraiment toutes les qualités. Il n'empêche qu'elle ne savait pas quoi, mais quelque chose chez lui l'intriguait, elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus... Elle salua la vieille dame et sortit de la maison. Connor referma la porte derrière eux et se remit en marche en direction de sa résidence.

"Vous avez tout ce qu'il vous faut ?" demanda-t-il en s'arrêtant devant son portail, les mains dans les poches.
"C'est un début en tout cas. Merci de m'avoir accompagnée.
- Avec plaisir."

Elle resta plantée là devant lui, et il ne bougea pas non plus, se toisant l'un et l'autre en silence. Est-ce qu'elle devait lui laisser son numéro ? Oh, mince, oui son numéro si jamais il se souvenait d'autre chose ! Elle coupa court au charme et chercha sa carte professionnelle dans la poche de sa veste avant de lui tendre.

"Si jamais... Vous avez d'autres informations sur les Eastwood ou ce qui s'est passé cette nuit..."
Il la prit en main et lit ce qu'il y figurait.
"D'accord, Cali Smith. Je n'y manquerai pas."

Il releva les yeux vers elle et elle crut pendant un moment qu'il l'avait hypnotisée. Il avait utilisé son prénom en plus... Comme il sonnait si bien dans sa bouche... Il fallait qu'elle se reprenne, elle se secoua mentalement avant de reculer de trois pas.

"Merci encore. Bonne journée, Monsieur Connor."

Elle se retourna aussi vite sans demander son reste, et enchaîna les enjambées rapides jusqu'à la voiture de patrouille garée devant la maison des Eastwood. La plupart de ses collègues étaient revenus de leur tour, il fallait maintenant retourner aux postes et comparer les notes, pour espérer remettre en ordre les pièces du puzzle. Ils devraient avoir les résultats de l'autopsie d'ici fin d'après-midi, et l'enquête pourrait commencer. Cali jeta un dernier regard à la maison de Connor lorsqu'ils passèrent devant en voiture, mais elle ne l'aperçut pas. Elle inspira un grand coup, avant de mettre plus fort la station de radio qui jouait un air de rock.